Une cave à Belleville, un mercredi soir : Burial Hex joue devant une cinquantaine de personnes faisant résonner ses drones métalliques entre les vieilles pierres saumures de l’endroit. A l’autre bout de la salle improvisée, tout en long, une table jonchée de disques, vinyles, CD et cassettes : on y repère une cassette posée en grand nombre, signée Shantidas, membre d’Aluk Todolo, groupe français oscillant entre Metal et Kraut, dont les disques sont posés par loin. Le titre de la cassette intrigue et force à poser deux ou trois questions, comme ça, à un garçon qui s’avère en être l’auteur. « C’est quoi cette cassette ? – c’est une cassette jaune – ben oui, j’ai bien vu et sinon ? – c’est fait à partir de vinyles de Jean-Michel Jarre, mais ça ne ressemble plus à Jean-Michel Jarre, c’est plus ambient et un peu noise aussi. Elle vient de sortir, juste pour le concert. si tu l’achètes, tu seras le premier ». Chose faite, cassette embarquée à la maison, avec en tête cette conversation récente avec Keith Fullerton Whitman qui disait en avoir assez de tous les gamins qui prennent un disque et le passent dans une pédale puis prétendent qu’il s’agit de leur musique. Mais, ici, ce n’est pas un gamin qui parlait et la cassette, une fois bien écoutée, n’est pas une simple altération d’un disque de JMJ grâce à un ou deux filtres : elle documente plutôt un moment passé à avec des exemplaires d’Oxygène, malmenés, malaxés, traités avec des pédales, mais aussi avec une idée d’intervention sur la matière même. La cassette aurait pu sortir sur Touch la semaine dernière ou il y a vingt ans – elle manipule quelque chose de vivant et masse étrangement les oreilles. Elle se trouve sur le site du label, Amortout.
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